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Le 4 juin 1912
Quelle amélioration peut-on apporter à nos réunions?
À propos des nombreux groupements qui se forment et qui
disparaissent presque aussitôt, nous avons dit un jour que ce phénomène de mort
rapide est dû à ce qui entre de conventionnel, d'arbitraire dans l'organisation
de ces groupements.
En effet, ils sont construits selon un type idéal issu d'un ou
de plusieurs cerveaux, une formule parfois très belle théoriquement mais qui ne
tient aucun compte des individus qui, avec leurs difficultés et leurs
faiblesses, vont être les cellules vivantes du groupement.
Il est impossible, à mon avis, de donner une forme arbitraire à
un être individuel ou collectif; sa forme ne peut être que l'expression
extérieure parfaitement adéquate à la qualité des éléments qui le constituent.
C'est faute de respecter cette loi vitale de formation que les
groupements se succèdent et se multiplient sans fin, voués tous à une identique
et prompte destruction. Car au lieu d'être des organismes vivants et capables
d'une croissance, d'un développement et d'un épanouissement normaux, ce ne sont
que des amalgames inertes, privés de toute possibilité de progrès.
Nous avions décidé qu'attentifs à cette loi, nous nous
garderions avec soin de déterminer prématurément les conditions de vie de notre
petit groupe. Il n'est pas né encore, il est à peine au début de sa période de
gestation. Laissons-le se former et éclore tout doucement avant de réglementer
son existence.
Il me paraîtrait donc funeste de vouloir organiser nos réunions
selon un plan préconçu ou conformément à l'idéal de l'un ou de l'autre, ou même
de nous tous. Nous entrerions ainsi dans la voie des formations artificielles,
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construites
d'après des théories et destinées à périr plus rapidement encore que les
institutions qui se développent selon leur spontanéité propre totalisant les
tendances variées de leurs membres.
Certes il faut que nos réunions progressent, puisque telle est
la condition de la durée. Mais cela ne pourra être que si elles sont pour chacun
de nous une occasion de progrès.
En effet, si nous voulons que leur progrès soit sincère et
profond, c'est du nôtre propre qu'il doit dépendre.
Si tous nous apportions ici une ardente aspiration vers plus de
connaissance et plus de sagesse, nous créerions une atmosphère de recueillement
que je voudrais pouvoir qualifier de religieuse, et cette atmosphère serait tout
à fait favorable à notre perfectionnement.
Une ambiance de spiritualité aide bien plus parfois que les
paroles échangées ; et les plus belles pensées ne nous font pas faire un progrès
si nous n'avons pas la volonté constante qu'elles se traduisent en nous par des
sentiments plus élevés, des sensations plus exactes et des actes meilleurs.
Ainsi pour améliorer nos réunions, la condition essentielle est
notre propre amélioration.
Unifions-nous nous-mêmes, identifions notre conscience à la
conscience de notre Moi Divin, et notre groupe s'uni- fiera. Éclairons,
illuminons nos facultés intellectuelles, et notre groupe manifestera la lumière.
Laissons l'amour impersonnel pénétrer tout notre être, et notre groupe rayonnera
l'amour. Mettons de l'ordre, enfin, en nous, et notre groupe s'ordonnera de
lui-même sans que nous ayons besoin d'intervenir arbitrairement dans sa
constitution.
Devenons, en un mot, les cellules vivantes de l'organisme que
nous voulons mettre au monde, et n'oublions pas que de la valeur de ses cellules
dépendra la valeur de l'être collectif et son action, son utilité dans l'oeuvre
d'harmonie universelle.
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